40 ans du Mondial du Lion Crédit Mutuel : un cap symbolique avec Marie Tabarly

À l’occasion de ses 40 ans, le Mondial du Lion Crédit Mutuel s’offre une marraine d’exception : Marie Tabarly. Navigatrice chevronnée, récemment victorieuse en temps réel de l’Ocean Globe Race à bord de Pen Duick VI, elle incarne un lien fort entre sport, nature et transmission. Entre son expérience de comportementaliste équin et son engagement en mer, elle partage un regard unique sur ce qui relie le cavalier à son cheval, le marin à son bateau, et plus largement, l’homme à son environnement.

 

Marie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

Je suis navigatrice, mais avant cela j’ai longtemps travaillé avec les chevaux. J’ai été comportementaliste équin, formée à l’éthologie. J’ai alterné toute ma vie entre l’équitation et la voile, deux univers exigeants, chronophages, parfois coûteux… mais essentiels pour moi.

Entre septembre 2023 et avril 2024, j’ai participé à l’Ocean Globe Race à bord de Pen Duick VI, dans les conditions de 1973 : sans GPS, sans satellite, sans moyens de communication modernes. Une course en équipage, en quatre étapes, que nous avons remportée en temps réel (Line Honors).

 

Quel a été votre parcours, de l’éthologie à la navigation ?

J’ai commencé par l’éthologie et la rééducation de chevaux compliqués. Pendant longtemps, j’avais l’impression d’avoir « toutes les lettres mais pas les mots », il manquait quelque chose dans ma relation avec eux. Puis une formation aux États-Unis m’a permis d’assembler tout cela : enfin, la connexion que je cherchais.

En parallèle, la mer a toujours été là. Quand je n’étais pas à cheval, je naviguais. Les deux se sont longtemps complétés : mes congés à l’écurie étaient consacrés à la voile, et inversement.

Il n’y a pas eu un moment charnière unique, mais une alternance constante entre ces deux passions.

 

En tant que navigatrice et cavalière, retrouvez-vous des similitudes entre une course en mer et une épreuve de concours complet ?

Oui, je trouve la comparaison très juste. Une course au large dure parfois sept ou huit mois. C’est long, et il faut apprendre à gérer le temps, l’endurance et les difficultés.

Pour moi, c’est comme un concours complet grandeur nature :

  • La première étape, c’est la descente de l’Atlantique, où il faut bien « sortir de piste », comme une reprise de dressage solide.
  • Ensuite, on attaque les mers du Sud : c’est le cross, l’épreuve physique, avec ses vagues noires et ses dépressions violentes.
  • Enfin, il faut remonter l’Atlantique avec un équipage fatigué et un bateau qui a souffert : comme sur l’épreuve d’obstacles, il reste à garder la lucidité et éviter les fautes.

Dans les deux cas, on avance par étapes, en construisant une relation de confiance avec son partenaire : le cheval ou le bateau.

 

Vous avez une double expertise : cheval et navigation. Voyez-vous d’autres parallèles entre ces deux univers ?

Oui, énormément. D’abord, ce sont deux disciplines très anciennes, qui se pratiquent depuis des siècles. Mais au-delà du sport, ce sont aussi des arts : l’art équestre et l’art de la navigation.

Dans les deux cas, il faut une culture, une vision globale. Monter un cheval, c’est utiliser ses cinq sens, être dans le ressenti. Naviguer, c’est pareil : sentir le vent, la houle, le bateau. Le parallèle est évident, jusque dans le rapport de finesse : la bouche du cheval et la barre d’un bateau demandent la même justesse de contact.

Et dans les deux cas, il y a une remise en question permanente. La nature – mer ou cheval – a toujours raison.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter d’être marraine du Mondial du Lion cette année ?

Honnêtement, je n’avais aucune raison de dire non. J’étais venue l’an dernier et j’ai adoré l’événement : l’ambiance, la proximité avec les chevaux, la passion des spectateurs. C’est une grande fierté d’être marraine.

J’ai toujours aimé le concours complet, même si je ne l’ai pratiqué qu’un peu. J’ai aussi beaucoup fréquenté l’Angleterre et ses grandes écuries. Là-bas, il y a une véritable culture du complet, notamment autour de Badminton que je rêve de voir ! Alors accompagner le Mondial du Lion, qui est une référence mondiale était évident !

 

La transmission est au cœur de vos projets. Qu’aimeriez-vous transmettre au Mondial du Lion ?

Je n’ai pas la prétention de venir avec un grand message à délivrer. Chacun prend ce qu’il veut et ce qu’il peut recevoir d’une expérience.

Si mon parcours peut inspirer quelques personnes, tant mieux. La transmission, c’est d’abord une affaire de rencontre et d’ouverture.

 

Enfin, si vous aviez un message à laisser aux cavaliers, bénévoles et spectateurs du Mondial, quel serait-il ?

Tout simplement : merci et bravo. Profitez à fond de ce moment, de cette journée passée au contact des chevaux et de la nature. C’est une belle fête, et c’est ce qu’il faut en retenir. Every day is a celebration !